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QUESTIONS SUR LA PSYCHANALYSE

 

La question du temps 

 

S'engager dans une démarche psychanalytique implique de s'investir dans la durée. La psychanalyse est un voyage introspectif, une exploration profonde de soi-même qui demande beaucoup de temps. Il ne faut donc pas s'attendre à une meilleure connaissance de soi, à un meilleur rapport à soi-même ou à son environnement en quelques séances, à moins que les symptômes dont souffrent la personne ne soient directement liées à des déséquilibres actuels dans sa vie.

 

Une analyse doit durer pour permettre la déconstruction progressive, couche par couche, de l'immense forteresse défensive que nous avons érigée tout au long de notre vie.

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Prenons l'exemple d'un arbre qui s’est développé de travers à cause d’un vent trop fort durant toute une partie de sa vie. Celui-ci se briserait en deux si on tentait de le redresser brusquement. De même pour un aveugle de naissance, il ne serait pas prudent de lui faire retrouver la vue soudainement, car certainement il paniquerait et sa réaction serait de se protéger des lumières et couleurs trop vives..

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Ces métaphores illustrent ce qui pourrait se produire en forçant les verrous, en cherchant à aller trop vite. La reconstruction d’une personnalité doit se faire de manière lente et progressive. Même si une personne peut comprendre intellectuellement ce qui se passe, cela ne signifie pas nécessairement qu'elle l'accepte émotionnellement. À côté d'un travail de conscientisation, il y a un travail d'intégration qui requiert davantage de temps. Tout processus de reconstruction, de changement implique de faire un deuil, le deuil d’une ancienne façon d’être. Chaque chose doit prendre le temps de mûrir, d’arriver à maturation.

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La question du désir

 

Le désir est le moteur qui motive et alimente l'engagement dans cette quête de croissance personnelle ; il constitue la condition première, le point de départ pour entrer dans une démarche de connaissance de soi, de changement et de mieux-être.

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En effet, certaines personnes entament une analyse sans en éprouver le moindre désir, probablement parce qu’ils ont été envoyés ou influencés par des personnes de leur entourage.

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Mais si cet engagement n’est pas pris par le consultant lui-même, l’analyse sera sans doute vouée à l’échec. En effet, comment le consultant pourra-t-il s'engager dans un parcours d'exploration long et exigeant qu’il ne désire pas ? Et le consultant aurait raison de se protéger contre toute intrusion non souhaitée en verrouillant solidement la porte qu’on veut lui ouvrir de force !

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Pour qu'il y ait un mieux-être, il faut qu'il y ait un engagement, du désir, du temps et du lâcher-prise. Le consultant avancera au rythme de son désir, en fonction de son niveau d'investissement et du temps qu’il souhaite consacrer à son travail thérapeutique.. Car il va falloir prendre tout son temps pour déconstruire les différentes couches de ciment qui se sont superposées depuis la petite enfance et qui constituent notre personnalité.

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La question du choix de la thérapie

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Évidemment, le désir ne suffit pas, à lui seul, à donner de bons résultats. Outre le désir, l’investissement qu’il veut donner à la cure, il appartient au sujet de choisir la "bonne méthode" et le « bon » thérapeute.

 

Il existe à ce jour près de 400 types de psychothérapies dans le monde, dont les approches, techniques, théories sont, plus ou moins, différentes les unes des autres. Certaines sont brèves et se focalisent sur le symptôme alors que d’autres sont plus longues et visent, au-delà de toutes les manifestations symptomatiques, une amélioration globale de soi, à aider l’individu à se réaliser pleinement. Aussi, certaines techniques font intervenir le corps (la respiration, la relaxation, etc.) à côté de celles qui interprètent la parole (la méthode analytique classique).

 

Et ce serait une grave erreur de croire qu’une thérapie prévaut largement sur une autre – et même si certaines études font état de conclusions contraires. La thérapie qui me semble la meilleure est celle qui s’accorde le mieux à la nature singulière du sujet, à sa constitution. L’hypnose ou les TCC fonctionnent mieux pour les uns, la psychanalyse pour les autres, etc. A chacun donc de trouver celle qui lui convient le mieux.

 

La « confiance » du sujet envers une thérapie est également un paramètre important à prendre en compte. Il vaudrait mieux que le consultant aille du côté de la thérapie à laquelle il croît. Parce que si celui-ci n’adhère pas à la méthode proposée, les résultats ne seront sans doute pas favorables à son désir de mieux-être.

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La question de la relation 

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Deux personnes qui ne se connaissent pas vont devoir collaborer pendant un long moment, ce qui souligne la nécessité de trouver le bon thérapeute qui saura établir une relation de confiance. Car, en effet, il n'est pas naturel pour le consultant de se livrer aveuglement devant quelqu'un qu'il ne connaît pas.

 

Mais qu'est-ce une relation de confiance ? Une relation de confiance est, comme toute bonne relation, une connexion psychologique et émotionnelle, une relation entre deux personnes caractérisées par un sentiment de sécurité. Autrement dit, par la bienveillance et la neutralité du thérapeute, le consultant doit pouvoir facilement partager ses pensées, ses émotions et ses expériences intimes sans se sentir jugé, évalué.

 

En établissant un environnement de confiance, le thérapeute crée un espace sûr et propice à l'exploration des problèmes de son consultant et à son développement personnel.

 

Ce qui compte donc avant tout, c’est la qualité de la relation. Tout travail sur soi avec un thérapeute est une relation humaine.

 

Si vous ne vous sentez pas à l'aise, en harmonie ou en connexion avec votre thérapeute après quelques séances, il est tout à fait acceptable de rechercher un autre professionnel. Une analyse est un processus intime et personnel, et il est parfaitement normal que nous ayons des affinités différentes avec différents thérapeutes.

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La question de la régularité

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Dans le cadre d'une psychothérapie, une consultation bimensuelle peut suffire, mais si l’on souhaite entreprendre une psychanalyse, il est préférable de se rencontrer chaque semaine, faute de quoi cette exploration risque de se transformer en une simple promenade, sans la profondeur nécessaire à une véritable analyse.

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L’inconscient est comme un océan vaste et énigmatique, gardant jalousement ses secrets dans les profondeurs abyssales. Afin de descendre chaque fois un peu plus bas pour sonder ses trésors, il nous faut nous immerger régulièrement pour renforcer notre capacité respiratoire. Sans cette constance, nous risquons de manquer d’air au moment crucial, risquant de remonter trop rapidement à la surface, perdant le fil de son inconscient et des progrès réalisés.

Alexandre CAVRO

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